Le cancer de la prostate est le type de cancer le plus répandu chez les hommes. Même si les progrès ont permis de réduire les risques de décès de manière significative, le cancer de la prostate reste tout de même le troisième cancer qui entraîne le plus de décès en France (8 207 décès en 2017). Pour réduire au maximum ce risque, il est important de se faire dépister vers l’âge de 45-50 ans. Dans ce domaine, d’énormes progrès ont aussi été fait. Une petite révolution pourrait même avoir lieu en utilisant un détecteur plutôt insolite : un chien. Jean-Pierre Giolitto, médecin de formation et ancien Chef de Clinique Urologique, reviens avec nous sur cette avancée.
Le chien capable d’une telle prouesse s’appelle Looping. C’est un berger belge malinois de 4 ans. Son maître, l’adjudant-chef David, est à la tête du Peloton de soutien cynotechnique (PSC) de La Malmaison, rattaché au camp militaire de Sissonne (Aisne). A terme, leur mission pourrait permettre de détecter plus rapidement le cancer de la prostate et donc potentiellement, sauver des vies.
Cette mission a été confié par le professeur Cussenot, chef du service d’urologie de l’hôpital Tenon, à Paris. Il est même aller jusqu’à demander l’assistance du ministre de la Défense pour étudier, grâce au capacités olfactives du chien, de nouvelles méthodes de détections du cancer de la prostate, basées sur les nouvelles recherches de molécules dans les urines.
Une formation du chien bien plus complexe
Prenons l’exemple de la formation du chien pour la détection de drogues : il suffit d’imprégner au jouet du canidé l’odeur d’une drogue. A force de pratique, il assimile l’odeur des stupéfiants à son jouet et au cours des opérations de détection, il ne cherche pas la drogue mais son jouet.
Dans le cas du cancer de la prostate, c’est très différent. Cette association n’est d’ailleurs pas possible car la molécule contenue dans l’urine n’est active pas plus de trente minutes. En plus, Jean-Pierre Giolitto précise que l’on ne connaît même pas cette molécule. Au final, c’est ce que doit déterminer l’expérience.
Les entraînements se déroulaient deux à trois fois par semaine, toujours selon le même protocole. C’est d’abord Raphaël, personnel civil du PSC, qui entre dans la pièce. Il doit décongeler les échantillons d’urine qui ont été transmis par l’hôpital parisien. Il les place dans des bocaux et lui seul sait où se trouve le positif car si le maître était au courant, il pourrait inconsciemment influencer son chien.
Ensuite, Looping entre dans la salle et ici aussi le rituel est toujours le même pour le chien : « Même si le premier pot qu’il sent contient le positif, il va marquer un léger arrêt, sans plus. Il va d’abord tous les sentir et ensuite, il marquera à sa manière : il tape sur la table, lèche le couvercle puis s’assied », explique l’adjudant-chef David. Raphaël valide et Looping peut recevoir son jouet en guise de récompense.
Une avancée pour la recherche sur le cancer de la prostate
Après seulement deux ans d’entraînement, les résultats sont très encourageants. En effet, Looping atteint un taux de réussite de 88% alors que la machine est à 71%. Il est maintenant possible de passer à la suite.
Jusqu’à maintenant, les échantillons utilisés provenaient de patients dont le cancer était avéré. Il était donc facile de s’assurer que le chien avait raison. Maintenant, les échantillons utilisés seront ceux jugés probables de contenir le cancer, après examen par IRM. Le patient alors suivi peut se voir confirmer son cancer de la prostate plusieurs années plus tard ou pas du tout d’ailleurs. L’avantage avec la détection par le chien pourrait de gagner de temps et d’amener une prise en charge bien plus rapide.
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Son Interview : https://www.net-wash.fr/interview-de-jean-pierre-giolitto-chirurgien-urologue/
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